L’origine du livre, c’est l’exposition. Il faut trouver comment passer de l’un à l’autre. Nous avons été confrontées essentiellement à deux difficultés.

La première tient à la structure même de l’œuvre. Comme on le voit sur la photographie de l’accrochage, il y a sept images et cinq textes (le premier est seulement une citation). De plus, si chacune des deux séries est ordonnée, on ne peut pas faire correspondre un texte à une image. Cela tient à la façon même dont nous avons travaillé, à l’aveugle. La forme « livre » imposerait au lecteur des associations pré construites. Restent soit une forme pliage, qui permettrait une lecture à plat identique à celle de l’accrochage, soit un feuille à feuille, qui permet de battre et rebattre les cartes, à son gré. La forme pliage s’exclut, compte tenu de la surface de papier nécessaire et de la multiplication des plis en épaisseur.
Donc, le feuille à feuille. Mais comment matérialiser les deux suites? Nous avons choisi de les grouper dans des dossiers séparés.Cette solution résout le second problème. Les textes avaient donné lieu à un travail typographique – ils étaient même en partie issus de ce travail typographique. Bien entendu, j’avais élaboré les typographies en PAO. Mais elles étaient conçues pour l’accrochage, et je ne voulais pas qu’elles soient reproduites à l’identique pour le passage à la forme livre. Je ne les imaginais qu’intaillées dans le moelleux d’un beau papier. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvées au Moulin du Got… qui n’avait pas de solution pour la reproduction des cyanotypes. La solution « feuille à feuille » a permis de faire réaliser la reproduction et le tirage des images par un autre imprimeur – qui a sué sang et eau, car la colorimétrie d’un cyanotype…(l’imprimerie Launay, à Paris).